Dans un monde où la médiocrité est érigée en vertu suprême, une nouvelle tendance émerge : la passion pour la médiocrité elle-même. Des individus se réjouissent ouvertement de la banalité, chérissent la médiocrité, et adoptent la conviction que critiquer, même de manière constructive, relève d’une extrême droite intolérante, raciste, et homophobe. Nous avons plongé dans ce monde étonnant où élever les standards est devenu le péché ultime.

Les adeptes de cette nouvelle philosophie, que nous avons affectueusement baptisée «Les MédioCréateurs», se complaisent dans une complaisance sans bornes. Pour eux, la médiocrité n’est pas une lacune, mais un état d’esprit à chérir. Dans cette société étrange, la moindre tentative d’élever les standards est accueillie avec des regards suspicieux, comme si l’aspiration à l’excellence était une menace pour la paix mondiale.

Les MédioCréateurs sont experts dans l’art de la rationalisation. Pour eux, la critique constructive est une forme déguisée d’intolérance, un complot néfaste visant à troubler la quiétude de la médiocrité acceptée. «Pourquoi viser l’excellence quand la médiocrité est tellement plus confortable?», s’interroge Carla Banalità, une fervente adepte de ce mouvement, lors d’une récente rencontre. «Élever les standards, c’est s’engager sur une pente glissante qui mène tout droit à l’extrémisme.»

Les MédioCréateurs ont élaboré un guide pratique pour se fondre harmonieusement dans la médiocrité. Le premier commandement de cette doctrine déclare : «Si tu vois quelqu’un aspirer à plus, rappelle-lui gentiment qu’il devrait être satisfait de ce qu’il a.» Le deuxième commandement ajoute : «Toute tentative d’amélioration personnelle doit être accompagnée d’un profond soupir de désapprobation.»

L’État des MédioCréateurs a même décidé de mettre en place un ministère pour défendre cette vision du monde. Le Ministère de la Médiocrité et de la Modération, dirigé par Monsieur Banal T. Tout, a pour mission de promouvoir la médiocrité et de décourager toute forme d’ambition. «Nous devons protéger nos concitoyens des méfaits de l’excellence», explique Monsieur Tout. «L’ambition individuelle n’est rien de plus qu’une distraction nuisible à la paix sociale.»

Étonnamment, dans cette société dévouée à la médiocrité, élever les standards est devenu synonyme d’extrême droite. Accusations de racisme et d’homophobie pleuvent dès qu’une voix ose s’élever pour suggérer que peut-être, juste peut-être, il y a place à l’amélioration. Les extrémistes de l’ordinaire veillent, prêts à défendre leur philosophie coûte que coûte.

Dans ce monde absurde, les MédioCréateurs ont trouvé un moyen de laisser les gouvernements penser à leur place. En se contentant du statu quo, en évitant soigneusement tout progrès ou élévation, ils laissent le champ libre aux décideurs politiques pour faire ce qu’ils veulent. Après tout, pourquoi s’embêter avec des idées novatrices quand on peut simplement se vautrer dans la médiocrité confortable?

En fin de compte, cette tendance à adorer la médiocrité, à craindre l’élévation des standards et à diaboliser toute critique constructive est une curiosité sociale. Les MédioCréateurs semblent avoir oublié que la recherche de l’excellence et la critique constructive sont des moteurs essentiels du progrès. Peut-être est-il temps que cette société redécouvre le plaisir de viser haut, au lieu de se complaire dans les doux méandres de la médiocrité.

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